Au-delà de son architecture caractéristique, la maison de la béate incarne un héritage vivant, où le catéchisme, l’artisanat de la dentelle, et les assemblées nocturnes ont tissé des liens durables au sein de la communauté.
Nombreux sont les habitants qui ont en mémoire le mois de Marie. Ils y participaient, enfants, dans les années 1950 et peuvent partager ces souvenirs.
Ce modeste édifice, repérable à son clocheton, face à un puits collectif surmonté d’une croix, est situé au cœur du hameau de Pouzols (commune de Saint-Jeures).
Il est tout à fait représentatif de ces maisons de béate ou maison d’assemblée qui parsèment aujourd’hui encore les campagnes du Velay.
En pénétrant à l’intérieur de la maison de la béate de Pouzols, on se plonge dans l’histoire locale…
On apprend comment ces dévouées béates ont joué un rôle essentiel dans la vie des villages.
- Le rez-de-chaussée tenait lieu de modeste logis pour la béate. Ont été rassemblés quelques meubles et objets évoquant la vie spartiate qui était la sienne.
Cheminée, marmite suspendue à la crémaillère, bougeoirs, lit bateau, coffre, une reconstitution qui laisse imaginer la vie dans la maison de la béate. - A l’étage, l’aménagement rappelle les trois fonctions domestiques essentielles dont s’acquittaient les béates : la fonction d’animatrice, celle d’institutrice de campagne et celle de monitrice enseignant et pratiquant l’art de la dentelle. Cette pièce faisait office de chapelle, salle de classe et d’atelier.
Béates du temps jadis, qui êtes-vous ?
L’origine des béates remonte à 1668, lorsqu’ Anne-Marie Martel , une jeune fille généreuse de la bourgeoisie du Puy-en-Velay, créa avec l’aide de l’Abbé Tronson, la congrégation des « demoiselles de l’instruction » pour secourir et instruire de la foi chrétienne les filles pauvres de la ville, notamment les jeunes dentelières venues de la campagne.
Le besoin d’étendre cet apostolat se fit vite sentir. La congrégation forma des auxiliaires, ce furent les « béates » qui allèrent s’établir, sous la surveillance des curés, dans les hameaux.
La béate couverte de sa coiffe blanche ou noire, s’installait sans plus attendre dans son modeste logement grâce aux villageois qui avaient fourni le terrain et les matériaux pour construire la maison avec son clocheton caractéristique.
La béate remplissait les multiples fonctions touchant à la vie religieuse et sociale du village. En contrepartie de son engagement, les habitants veilleraient désormais à lui fournir régulièrement pommes de terre, lard, fromage…, base de sa nourriture frugale, et son bois de chauffage.
Ce sont plus de 750 maisons de béate que l’on compta dans le Velay dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Aujourd’hui, de nombreuses assemblées sont toujours là pour perpétuer la mémoire des béates. Mais peu se visitent et nombreuses sont celles à l’état de péril. La maison de la béate de Pouzols est particulièrement bien meublée, décorée. Elle possède son chemin de croix et le procès-verbal d’érection du chemin de croix signé par l’évêque qui officialise l’existence de la maison de béate.